Sumario: | "En mars 1946, les vieilles colonies des Antilles deviennent des départements français, en écho à des revendications exprimées après l'abolition de l'esclavage de 1848. Cette forme singulière de sortie d'Empire, trouvant à l'origine son plus illustre défenseur en la personne du député-poète Aimé Césaire, n'est pourtant pas synonyme de fin de l'histoire pour ces îles de la Caraïbe qui comptent parmi les plus anciennes terres de colonisation française outre-mer. Elle inaugure, au contraire, une période de tensions inédites puisant ses racines dans les ambigüités d'une politique assimilationniste qui se déploie à contre-courant des évolutions du reste du monde colonial. Dans une région essentielle à la sécurité du « monde libre », au voisinage de Cuba, la question de la poursuite ou du rejet de cette politique, au bénéfice de l'autonomie ou de l'indépendance, s'impose comme un enjeu de la « guerre froide globale ». Porteurs de visions du monde diamétralement opposées, partisans de l'assimilation et adversaires anticolonialistes du statut de département voient dans cette alternative, chacun à leur manière, les termes d'une véritable décolonisation des Antilles. Ce livre étudie la transition de la colonie au département à la lumière d'une histoire de l'État. Il échappe au piège de la téléologie et dévoile une histoire plus tourmentée que le fort ancrage politique de ces îles aux structures de l'État ne le laisse paraître aujourd'hui. Si la « départementalisation » des Antilles a triomphé du vent contraire des indépendances, son histoire ne s'apparente pas à un parcours linéaire retraçant la rencontre entre un État républicain, qui aurait fait fructifier l'héritage abolitionniste de 1848, et une population prédisposée à l'assimilation du fait de sa culture politique. Par de nombreux aspects, cette histoire s'avère plus complexe".-- Contracubierta
|