Sumario: | La personnalité et l'œuvre d'Émile Bernard constituent un véritable ±cas» dans l'histoire de l'art moderne, susceptible en cela d'intéresser au premier chef les historiens de l'art. Voilà en effet un homme qui a fréquenté quelques-uns uns des plus grands artistes de son temps, Gauguin, Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Cézanne, un homme qui a été au cœur des recherches avant-gardistes du groupe de Pont-Aven, qui a eu affaire aux grands marchands parisiens, Le Barc de Bouteville et Ambroise Vollard, et qui décide à un moment donné de se tourner résolument vers le passé pour essayer de retrouver ce qu'il croit définitivement perdu : la foi et le métier des maîtres anciens, pour tenir un discours de plus en plus réactionnaire sur les arts de son temps et renier les expériences de sa jeunesse. Si l'on ne saurait dire la part prise par le dépit de se sentir injustement méconnu dans cette singulière décision, il est certain qu'elle causa la mise à l'écart de l'artiste dans l'histoire canonique de la peinture du XXe siècle. L'exposition que présente aujourd'hui l'INHA porte précisément sur ce point, en s'efforçant d'éclairer tout le parcours d'Émile Bernard et en mettant en évidence, auprès de trois tableaux (dont un bel Autoportrait), l'un des points incontestablement forts de sa création, son œuvre magistral de graveur et de lithographe, notamment comme illustrateur de livres.
|