Sumario: | Prouvy, avril 1922. Profitant des besoins gigantesques de la reconstruction dans le Nord après la première guerre mondiale, un petit industriel, en quête d'une affaire florissante, fonde la Société anonyme française Eternit. Objectif : produire des matériaux de couverture en amiante-ciment bon marché et en grande série. Cette firme, par l'absorption de concurrents, par l'implantation sur le marché des tubes et une stratégie commerciale agressive, acquiert rapidement un leadership. Les années 1955-1975 sont euphoriques, la demande, suscitée, est effrénée. Le territoire national est quadrillé par de nouvelles usines, la productivité et la pénétration outre-mer et dans le tiers monde sont poussées au maximum. Dès le départ, cette réussite est fondée sur un matériau dont la nocivité est connue depuis la fin du xixe siècle : l'amiante. Pendant des décennies, l'entreprise détruit le capital humain. Actuellement, l'amiante cause en France 10 décès par jour, 3 000 par an ; 100 000 sont à prévoir d'ici 2025, une hécatombe à laquelle participe largement l'Eternit française. À l'aide d'archives, de la presse économique, de témoignages, ce livre interroge pour la première fois le processus de domination d'une branche, les tests de la rentabilité capitaliste, les techniques, les métiers d'une industrie de la mort, la progression des maladies d'Eternit. L'amiante n'est interdit en France qu'en 1997, après 20 ans d'attente, en Europe qu'en 2005. Un problème capital est posé : que vaut la vie humaine au regard du profit ?
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