Sumario: | Marx voulait écrire une histoire de la Révolution française ; faute d'avoir mené à terme ce projet, ses héritiers politiques des social-démocraties allemande et autrichienne entendent fixer leur lecture de la Révolution française en publiant à partir du centenaire de 1889 ouvrages, articles et brochures. Ces écrits vont servir de fondement à une tradition d'interprétation de la ±Grande Révolution» de 1789, enseignée et transmise au travers d'un impressionnant dispositif de formation et de diffusion depuis les conférences orales jusqu'aux almanachs et agendas ouvriers. Étudiée ici grâce à l'exploitation de fonds d'archives peu connus, cette tradition qui tend à fixer une vulgate auprès d'un large milieu militant se heurte aux évolutions des social-démocraties et aux remises en cause des certitudes acquises qu'impliquent la révision du marxisme, l'émergence du socialisme jaurésien et son interprétation de la Révolution française puis surtout le surgissement des révolutions à l'Est de l'Europe en 1905 et 1917 qui, tout comme le contexte allemand de 1918-1919, stimulent de multiples analogies et une réexploration approfondie de l'histoire de la Révolution française. De l'orthodoxie du ±pape du marxisme» Karl Kautsky à l'universitaire proche de la social-démocratie Hedwig Hintze introduisant pendant la République de Weimar les œuvres d'historiens français en Allemagne, ce sont plusieurs décennies de débats et confrontations qui sont étudiées ici. Tout en ouvrant des perspectives pour mieux comprendre les singularités des social-démocraties des pays germaniques, l'ouvrage permet d'éclairer d'un regard nouveau les classiques de l'historiographie révolutionnaire que sont les œuvres de Jean Jaurès ou Albert Mathiez, plaidant pour une histoire croisée et transnationale des usages de l'histoire.
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