Sumario: | L'étude de Dalal el-Bizri, chercheur et professeur associé à l'Université libanaise, s'inscrit dans un programme de recherche du CERMOC consacré à la vie publique et ses expressions dans les sociétés du Moyen- Orient (voir les Cahiers du CERMOC n° 5, 7, 8, 9, 12). Souvent traitée (plus souvent maltraitée par les représentations courantes) la situation des musulmanes dans les sociétés arabes est abordée ici à propos du Liban sur lequel on ne disposait d'aucune étude de terrain, particulièrement depuis le développement des mobilisations islamistes dans la société libanaise. La matière première de cette étude exploratoire est fournie par les entretiens qu'a menés Dalal el-Bizri avec dix femmes chiites actives dans le Hezbollah, dans la banlieue-sud de Beyrouth. L'auteur nous restitue un témoignage du corps à corps et du débat qui la mêla à son (ses) sujet (s) pendant plusieurs mois d'enquête. Elle rappelle ainsi au lecteur à quel point la recherche est aussi un questionnement sur soi, dans la personne du chercheur comme dans les paradigmes qui l'aident à construire son objet. À cette dialectique du sujet et de l'objet, généralement inscrite dans le ±horstexte» de la recherche mais qui fait ici partie de son écriture même, s'en superpose une autre. L'itinéraire des femmes interrogées sur leur sortie dans la sphère publique au Liban témoigne de leur modernité. L'islam qui construit leur représentation d'elles-mêmes et les inscrit dans l'histoire en appelle à la tradition. La modernité revendiquée par l'islamisme serait-elle différente de celle qu'il condamne au nom de la tradition ? On sait que la querelle n'est pas qu'un jeu sur les mots. Sa dimension politique dessinera le Liban de demain et chacun, avec l'auteur, se doit d'en chercher l'issue... sans concession.
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