Sumario: | Les spoliations d'archives et de bibliothèques semblent bien secondaires par rapport aux atrocités commises pendant les terribles conflits du XXe siècle, et fascinent moins que les vols d'œuvres d'art. Pourtant, les saisies opérées par les autorités nazies dans toute l'Europe occupée, puis en grande partie collectées par l'Armée rouge et conservées secrètement par les Soviétiques, sont un phénomène massif tant par l'ampleur des détournements que par la diversité des spoliés. Il touche les administrations publiques des États occupés, les partis politiques, les syndicats, les Églises, les associations ainsi que les personnes privées souvent juives. Seul l'effondrement du régime soviétique a fait sortir ces fonds, longtemps soumis au régime du silence, de l'oubli dans lequel ils étaient tombés. Beaucoup de documents ont été rapatriés depuis une décennie, mais trop aussi ont été perdus, bien qu'un mince espoir d'en retrouver subsiste. Les meilleurs spécialistes, historiens, bibliothécaires et archivistes de France et de Russie, d'Europe et des États-Unis, ont œuvré à offrir une compréhension globale d'un phénomène crucial de l'histoire européenne. Ce volume étudie les motifs des saisies, l'utilisation nazie et soviétique de la documentation collectée, les réactions des institutions ou des personnes privées spoliées. Enfin se pose la question des choix opérés au moment du retour de ces archives. Doit-on créer des ±fossiles archivistiques» ou les réintégrer sans mention de leur destin particulier ? L'usage des archives et la réactivation de leur mémoire relève d'enjeux citoyens très actuels.
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