Sumario: | La question de la mémoire, devenue un champ de recherche fécond dans l'historiographie française, allemande et anglo-saxonne, est en passe de devenir l'objet d'études importantes en Europe centrale et orientale. Lieu d'affrontement de forces impériales et locales, durablement confronté à la nécessité de reconstruire et repositionner des identités aussi bien individuelles que collectives, l'espace centre et est-européen se présente comme un champ privilégié de questionnements sur les modalités de la constitution d'une culture historique et mémorielle. La mémoire constitue de fait un défi majeur posé aujourd'hui à la fois à la recherche historique, mais plus généralement aussi aux sociétés d'Europe centrale et orientale. Cette question est rendue plus aigüe encore par le contexte actuel de transition postcommuniste, d'intégration européenne et de globalisation, qui posent la question de la révision de la mémoire historique, de sa (re)construction et de la subversion de modèles identitaires.À travers des chapitres thématiques, les auteurs de cet ouvrage collectif abordent la question de l'instrumentalisation de l'histoire et de la mémoire par le pouvoir politique, la construction de lieux de mémoire et leurs représentations et usages, la mémoire dans la construction des identités nationales, mais aussi municipales, régionales et transnationales. Le patrimoine, au niveau local ou régional, fait l'objet d'analyses qui mettent en relief le fonctionnement de ses mises en scène, sans en éluder les omissions.Ces thèmes ont été abordés à partir de différentes perspectives disciplinaires : études germaniques, histoire politique et culturelle, histoire de l'art, slavistique, littérature, sociologie et ethnologie. Placés dans des unités thématiques, les articles proposent une progression chronologique, de l'époque médiévale à la période postcommuniste, en passant par la Seconde Guerre mondiale et les guerres dans l'espace yougoslave des années 1990, à travers des études de cas pris dans l'ensemble de l'espace centre et est-européen. La Croatie, dont la mémoire fait tout particulièrement l'objet d'analyses, fait figure ici de paradigme privilégié, à partir duquel s'offrent des perspectives comparatives.
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