Sumario: | La sociologie de Marcel Mauss permet de comprendre la valeur du don dans la société polynésienne de Samoa. L'ouvrage présente d'abord les concepts que Mauss avait élaborés pour fonder une nouvelle sociologie (les notions de ±sacré» et de fait social ±total», en général et dans leur application à la question du ±don»), quelques éclairages sur la manière dont Louis Dumont a continué dans la même direction, et le rapport, fait de filiation mais aussi de ruptures, entre Claude Lévi-Strauss et Marcel Mauss : la question de l'individu dans la société, le symbolisme en général et les notions de type ±mana» en particulier. À partir d'une relecture de l'Essai sur le don, une manière de ressaisir l'héritage de Mauss est proposée : la méthode holiste en sciences sociales. Ensuite, les idées de Mauss sont évaluées sur le terrain polynésien où le don par excellence consiste en une circulation de tissus sacrés. On retrouvera alors les fameuses discussions de Mauss sur l'origine de la notion de ±monnaie». Le don est aussi un rituel efficace : le don des tissus sacrés de Samoa possède l'étonnant pouvoir de ±recouvrir la vie» et de ±payer la vie» (rites de mariage et de naissance, funérailles, compensation pour meurtre), sans doute parce que ces tissus entretiennent un rapport étroit avec les pouvoirs de fécondité attribués au sang féminin et sont présentés comme un enveloppement matriciel. Il nous renvoie à l'importance, dans tous les systèmes polynésiens, du geste rituel d'enveloppement et à la sacralité des femmes qui sont ±responsables», dit-on à Samoa, de transmettre la vie. Mauss avait ouvert son enquête sur le don par l'exemple de Samoa. On ne s'est pas interrogé sur cette construction, car le dossier présenté était très mince. Près d'un siècle plus tard, on peut dire que Mauss avait choisi la meilleure introduction possible à la question du don comme fait social total.
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