Sumario: | Les Empreintes du temps sont la première publication exhaustive d'une collection de sceaux éthiopiens encore inconnue il y a quatre ans. L'événement est une aubaine pour les amateurs de sigillographie comme pour les historiens de l'Éthiopie à l'époque de son entrée dans la modernité. Un signal fort fut donné à l'Occident par le roi des rois Téwodros II, qui, assiégé sur sa forteresse de Mäqdäla par le général Napier venu délivrer manu militari des prisonniers européens, préféra se donner la mort plutôt que de connaître le déshonneur de la défaite. C'était en 1868. La collection Boucoiran s'ouvre précisément sur le sceau de ce roi, puissant et courageux à l'image du lion qui fait une entrée durable dans la sigillographie éthiopienne. Téwodros acquit très tôt une stature de héros national. Dès sa disparition, une ±élégie mélancolique» le célébrait en ces termes : Voyez donc comme meurt un véritable lion, Qui croit ignominieux de mourir de main d'homme. (Berhanou Abebe, Histoire de l'Ethiopie d'Axoum à la révolution, Maisonneuve & Larose, 1998 : 101). À partir de Menilek II, les sceaux célèbrent le roi des rois comme le Lion de Juda, réaffirmant ainsi le mythe, fondateur de la royauté éthiopienne, de la descendance salomonienne des souverains. La collection Boucoiran réunit, en exactement cent empreintes, les principaux personnages nobiliaires, militaires, civils et religieux qui animèrent la vie intérieure et internationale du pays entre 1860 et 1925, soit du règne de Téwodros à celui de la fille de Menilek II, Zäwditu, au cours de la régence du ras Täfäri, futur Haylä Sellasé. L'ouvrage répond à un triple objectif : l'identification des titulaires de ces sceaux comme contribution à leurs biographies, le décryptage et la traduction des exergues en caractères ge'ez, arabes, plus rarement romains, enfin une lecture et une interprétation ouvertes des motifs iconographiques. Les auteurs ont choisi de traiter ces empreintes comme des sources historiques originales.
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