Sumario: | L'Orient-Express : du nom d'±un train qui se hâte lentement». Dès sa naissance, le magazine jouait l'effronterie et la contradiction. Il affichait des ambitions assumées : ±être un journal arabe en français», en renouant le lien rompu entre le Liban réel, ±arabe d'identité et d'appartenance» comme le formule le texte constitutionnel, et un public francophone volontairement ou non ignorant de faits politiques, sociaux, culturels qui traversent le pays. Faire de la langue française un outil d'ouverture plutôt que d'exclusion. Faire qu'au sein du Liban, sédimenté de mémoires concurrentes et d'affrontements guerriers, un terreau commun se cultive, et que vers le reste du monde, les regards, rendus curieux, se tournent. Être ±ici et ailleurs». Créer des ±transcultures» où se côtoieraient Fayruz et Patti Smith, Gilles Deleuze et Tayeb Salih, Portishead et Edward Saïd, Salman Rushdie et NTM, Allen Ginsberg et Ounsi El Hage. Cette identité multipliant les lignes, les facettes, n'empêchait nullement des prises de position continuellement réaffirmées. D'un mois à l'autre, L'Orient-Express n'a eu de cesse d'appeler de ses vœux un Liban démocratique, laïc et indépendant, dans le maintien des solidarités interarabes. La tragédie palestinienne est rappelée chaque fois que la ponctue un nouvel espoir, rare, ou un nouveau crime. C'est en priorité aux jeunes que L'Orient-Express désirait faire entendre ses appels au réveil politique, pour qu'ils se battent pour une individuation de l'espace public et leur droit au plaisir. Le premier numéro, novembre 1995 : ±Quand la politique faisait rêver», saluait les révoltes estudiantines...
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