Sumario: | La violence dans la plupart des pays européens et en Amérique du Nord est une préoccupation de plus en plus vive : aux yeux de beaucoup, elle met en cause la cohésion de la société. Mais comment la violence a-t-elle été considérée dans le passé ? Bien des pratiques tenues aujourd'hui pour violentes par l'institution judiciaire et par la société ne l'ont pas toujours été. Certaines formes de violence ont même pu bénéficier d'une légitimité sociale. Comment alors le pouvoir judiciaire a-t-il réagi ? S'est-il opposé à la violence, au risque d'entretenir une distance avec la société, ou bien a-t-il choisi d'ignorer des formes de violence pourtant illégales ? Comment considérer la violence que l'institution judiciaire a elle-même sécrétée ? Depuis le xixe siècle, des problèmes inédits ont surgi : les frontières de la violence se sont déplacées. De nouvelles violences ont été prises en compte par l'institution judiciaire : violences sur les enfants, violences conjugales, violences liées au monde du travail, violences scolaires... Les manières de l'appréhender ont aussi évolué : on a vu émerger la notion de victime, qui n'avait pas vraiment été prise en considération auparavant. Ainsi la justice pénale a-t-elle acquis de nouvelles fonctions, en étendant son territoire dans une société de plus en plus régulée par le droit des personnes. Autre innovation : les violences dues aux guerres au xxe siècle ont aussi donné naissance à des traitements judiciaires spécifiques avec la création de tribunaux particuliers.
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