Sumario: | À un âge où la politique se pensait sous le signe du secret et de la dissimulation, la publication posthume des Mémoires du cardinal de Retz faillit recréer la Fronde ±par contagion». Si leur lecture suscite encore aujourd'hui chez certains la passion de conjurer, c'est que ce grand mémorialiste parvient à établir avec son lecteur un lien que j'appellerai ±politique» au sens fort du terme, c'est-à-dire habile, complice et efficace. Un tel rapport à autrui, admirablement saisi par la formule de Baudelaire ±Le monde ne marche que par le Malentendu», ne peut fonctionner que si la dissension qu'il recouvre reste cachée sous le voile du silence. Cette intuition de Retz explique la manière dont il conçoit l'État, le pacte autobiographique équivoque qu'il passe, lui-même, avec la destinataire de ses Mémoires, sa tactique comme chef de faction et grand d'Église, enfin l'assujettissement au pouvoir qui lui permet de s'écrire. En les éclairant, tour à tour, la présente étude approfondit l'écriture de soi en tant que rapport éminemment politique à autrui.
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