Sumario: | Évoquer les romances fait surgir dans l'esprit de tout familier des mondes hispaniques quelques vers entendus, chantés, récités, ou encore quelque poème de Federico Garcia Lorca sur un monde gitan mystérieux. Parce qu'ils racontent une histoire, les romances sont souvent auréolés d'une impression d'amicale facilité. On en oublierait presque qu'il s'agit de poésie, de cette poésie dont le nom fait trop souvent peur aux lecteurs. C'est pourtant à ce genre réputé difficile que se rattachent les romances dès leurs premières apparitions dans le monde des lettres. Les débuts du XVe siècle sont témoins des plus anciennes versions écrites de romances conservés jusqu'à nous. Et elles sont étonnantes. On ne les trouve guère en dehors des chansonniers de cour alors que les romances sont toujours rattachés au domaine populaire. Elles ne parlent pas majoritairement d'histoire, comme le laissent croire nombre d'anthologies, mais d'amour. Elles ne sont pas psalmodiées simplement mais chantées à plusieurs voix ou accompagnées de l'ancêtre de la guitare. Elles ne sont pas toujours d'une concision exemplaire mais souvent fort étendues, et susceptibles de se grandir encore des développements d'une glose savante. Ces premières versions romanceriles, portées par écrits par les poètes, méritent que l'on s'y intéresse. C'est leur étude que propose cet ouvrage. Virginie Dumanoir ouvre les portes des palais pour assister à l'entrée des romances dans le monde de la poésie courtoise. Elle s'attache à suivre leurs premiers pas dans le domaine de l'écrit, donc de la littérature, mais également dans celui de la culture nobiliaire et de la politique des Grands. S'intéressant à la naissance d'un genre qui traverse les siècles et toute la géographie de l'hispanité, l'auteur propose des pistes de réflexion sur la dimension courtoise des romances trop souvent négligée et tente ainsi de restituer à ces textes poétiques toute la richesse d'une oralité savante dont les voix s'ajoutent et se combinent...
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