Sumario: | Qu'est-ce qu’agir dans une certaine intention ? Comment faire la différence entre agir intentionnellement d’une part, et provoquer quelque chose sans en avoir l’intention d’autre part ? Faut-il penser l’intention comme une idée d’action que nous formons avant d’agir, ou bien comme une forme et un sens qui se dégagent dans l’action elle-même ? La pensée pratique est-elle de même nature que la pensée théorique ? Ou bien est-ce seulement dans l’action que se conçoit et se définit une pensée pratique proprement humaine ? Tel est le noyau des questions abordées dans ce collectif critique consacré à l’œuvre d’Elizabeth Anscombe (1919-2001), philosophe majeure du XXème siècle et néanmoins aujourd’hui encore, méconnue. D’autres questions non moins intéressantes s’articulent autour de ce premier noyau, notamment : en quel sens la perception est-elle intentionnelle ? Du point de vue logique, une action est-elle un prédicat comme un autre, ou bien sa forme verbale est-elle irréductible – auquel cas les phrases d’action poseraient un sérieux problème aux logiques tant classiques que post-frégéennes ? Le plaisir est-il un bien ? Un choix pleinement rationnel peut-il être libre ? Dire « je », est-ce faire référence à une personne en particulier ? Une action involontaire peut-elle être rationnelle ? Précédés d’un avant-propos de Vincent Descombes qui revient sur la « métaphysique » et la méthode d’Anscombe, les essais réunis ici forment, d’une part, une introduction critique à la pensée riche, incisive et toujours radicale d’Anscombe sur toute une variété de questions pérennes de la philosophie. D’autre part, notamment pour les lecteurs familiers de la philosophie anglo-saxonne, ces essais entreprennent de confronter les positions et les arguments d’Anscombe à des problématiques tout à fait contemporaines et de penser à partir, mais pas toujours avec, la philosophe d’Oxford. Où l’on pourra constater que nous avons beaucoup à apprendre et à penser par celle que l’on ne connaît souvent que comme exécutrice testamentaire et traductrice de Wittgenstein, alors qu’elle fut aussi et surtout une philosophe de plein droit, et de tout premier ordre.
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