Sumario: | Décembre 1991. L'Empire rouge qui a si longtemps fait trembler l'Occident s'effondre. Les raisons de sa fin aussi brutale qu'imprévue sont longtemps demeurées mystérieuses. Quels facteurs ont poussé Mikhaïl Gorbatchev à lancer son pays sur les chemins risqués et néanmoins pleins d'espoir des réformes ? Cinq ans plus tôt, en février 1986, celui qui occupe depuis une année déjà le poste de secrétaire général du PCUS annonce une nouvelle manière de penser les relations internationales en URSS. Celle-ci se déploie sur plusieurs axes : dans un monde interdépendant, la coopération prime désormais sur la confrontation, dans la mesure où les États doivent s'entendre pour répondre à des défis globaux. Face à la menace d'une guerre nucléaire, la course aux armements entre l'Est et l'Ouest doit cesser et il faut que les capacités militaires des États-Unis et de l'URSS soient ramenées à un niveau raisonnable. Rejetant ainsi l'usage de la force pour conduire les relations internationales, l'URSS se veut à l'avant-garde de la lutte pour la paix, concept qui remplace progressivement celui de lutte des classes en politique extérieure. De 1986 à la fin de l'année 1991, cette approche originale, appelée la « Nouvelle Pensée », remet en question la ligne traditionnelle de la politique extérieure soviétique. Sur un plan théorique, elle met fin au dogmatisme idéologique et signale l'adaptation des principes fondateurs du marxisme-léninisme au monde qui l'entoure. Sur un plan pratique, les actions politiques qui sont associées à la Nouvelle Pensée dans la seconde moitié des années 1980 mènent à la fin de la guerre froide. Ce tournant ne peut être compris sans étudier, sur le long terme, les influences ayant rendu possible la révolution gorbatchévienne. Car ce sont des hommes et leurs réseaux, situés à la charnière des mondes politique et scientifique, qui proposent depuis le milieu des années 1950, dans le secret des corridors du Kremlin, de nouvelles approches en matière de relations internationales.
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