Sumario: | Très peu d’études sont actuellement consacrées aux préfixes et à la préfixation. Cette catégorie d’affixes pose pourtant des problèmes tout-à-fait spécifiques et intéressants, ne serait-ce que parce que ces marqueurs sont généralement issus de prépositions, latines ou grecques ; leur statut et leur rôle est donc a priori différent de celui des suffixes, beaucoup plus étudiés. Pour tenter de cerner cette spécificité, il m’a paru intéressant d’étudier un nombre restreint de préfixes qui pourtant forment un ensemble homogène : les préfixes qui servent, en français contemporain, à construire des mots qui s’interprètent avec un sens d’antériorité temporelle, soit ante-, avant-, pré- et pro-. De leur confrontation ont surgi de nombreuses questions concernant par exemple les contraintes qui pèsent sur les mots pour qu’ils puissent servir de base à chacun des préfixes ; le type d’opérations qui permettent de construire le sens d’antériorité temporelle commun à l’ensemble des mots dérivés ; la spécificité des marqueurs préfixaux comme pré, anté- ou pro- par rapport aux marqueurs qui peuvent à la fois assumer le rôle de préfixe et celui de préposition comme avant(-), etc. Pour résoudre l’ensemble des problèmes soulevés par cette étude, les analyses ont dû être menées dans les trois domaines connexes que sont la morphologie, la sémantique et la syntaxe ; elles s’inspirent, en ce qui concerne la morphologie (problèmes de dérivation, rôles respectifs du préfixe, de la base, du contexte dans la construction du sens du mot dérivé, etc.), des théories de D. Corbin, et en ce qui concerne certains aspects plus spécifiquement sémantiques (structure des axes temporels, opérations de localisation et de repérage, catégories floues et notion de frontière, etc.) de la topologie du CULIOLI.
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