Sumario: | Univers de la parole inconsistante, médisante ou scandaleuse quand la littérature prétend à la dignité du sens et à la pérennité de son discours ; activité des femmes bavardes, des badauds impuissants et des mondains désœuvrés quand l’écrivain engage l’essentiel d’une vie, d’une vision, d’un art, fût-ce même d’un jeu, dans le travail fixé d’une écriture, le potin relève de ces pratiques délectables mais indignes et parfois délectables à proportion de leur indignité qui sont sans doute inhérentes à la vie sociale mais semblent sans relation, sans mesure commune avec cette autre pratique délectable mais souveraine qu’est la littérature. Opposés l’un à l’autre dans leurs modalités, leur vocation, leurs victoires, la littérature et le potin entretiennent pourtant des affinités que, malgré l’insolence du rapprochement, le colloque de Perpignan a souhaité explorer. Si l’on connaît les situations et les milieux où, dans l’histoire de la littérature, celle- ci a trouvé à s’épanouir, il reste à analyser par quels processus les propos tenus dans les cercles ou les salons deviennent matière d’œuvres et au prix de quelles transformations. Comment le potin est-il fait littérature ? Inversement, pour autant que la littérature participe elle aussi d’un discours social à large spectre, on peut se demander quelle place elle accorde à cette forme de commérage, avec quelle autorité, quelle jubilation, au prix de quelle mauvaise conscience, au mépris de quelle représentation de l’écrivain ? Portrait de l’artiste en « potineur » ou comment la littérature se fait potin... D’autre part, la relation entre littérature et potin intéresse la fiction, à la fois comme catégorie morale et comme modalité de récit. En effet, si potiner consiste essentiellement à échanger ce qui est présenté comme une information, tout l’enjeu de cette information - qualité discriminante à quoi s’évalue le potin - est celui de sa vérité. Et pour peu que cette information soit développée, sa structure est celle…
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