Sumario: | La démocratisation des pratiques d’aide et de soin est au cœur des politiques sanitaires, sociales et médico-sociales depuis la fin du xxe siècle. Rechercher le consentement, éviter la contrainte en constituent les deux injonctions dominantes. En effet, les règles qui encadrent les pratiques de prise en charge visent à réduire la dimension contraignante de l’aide, à garantir le droit à l’information et la participation des personnes, ainsi que leur protection. En situation, les professionnels sont souvent confrontés à des conflits normatifs qui deviennent indécidables quand les personnes souffrent d’une altération de leurs capacités mentales. Comment faire alors, lorsque, à défaut de pouvoir « protéger sans contraindre », il faut envisager de « contraindre pour protéger » ? Le présent ouvrage rend compte de ces dilemmes à partir d’enquêtes empiriques menées dans le champ de la santé mentale. Qu’ils soient conduits à « forcer », à « influencer », à « coopérer », ou encore à « persuader » ou à « empêcher », les professionnels de l’aide et du soin sont orientés par deux impératifs parfois contradictoires : l’impératif de protection d’un côté, l’impératif de liberté de l’autre. La régulation de leurs pratiques s’appuie sur deux registres : celui des droits fondamentaux, sans cesse réaffirmés ; celui des règles qui sont produites en continu au plus près des situations. Un tel mode de régulation questionne à nouveaux frais quelques-uns des enjeux actuels de la démocratie sanitaire. Cet ouvrage est issu des travaux menés dans le cadre du Collectif Contrast.
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