Sumario: | Dans le monde indien où les savoirs textuels sont particulièrement valorisés et l’action matérielle subordonnée aux autres modes d’existence, il est difficile de penser ensemble savoir et faire, d’imaginer l’existence de savoirs techniques. Que l’on examine les conceptions traditionnelles du savoir ou les projets de développement récents, la notion même de savoir-faire sonne comme un non-sens. Or, les savoirs pratiques, les savoir-faire, font partie de toutes les activités humaines et la manière dont ils sont construits, transmis, appropriés, est une question cruciale pour comprendre la formation et l’évolution des sociétés. Néanmoins, faire émerger de tels savoirs est d’autantplus difficile qu’ils ne sont pas reconnus comme tels. A l’heure où l’interrogation sur les savoirs traverse toutes les disciplines, cet ouvrage collectif entend répondre à la nécessité d’explorer une dimension occultée dans les études indiennes. Les auteurs de ce volume ont considéré le métier, les techniques, comme autant de beux de savoir, mettant en lumière les aspects cognitif, sensible, social etpoUtique de ces savoirs indissociables de l’action matérielle. Les études réunies s’intéressent d’abord au théâtre et à la danse, où la nécessité d’un apprentissage et de compétences spécifiques est admise et bée à des traditions prestigieuses. Elles pénètrent ensuite à l’intérieur de métiers que les préjugés considèrent comme sans quabfîcation, éclairant l’intelligence et la sensibibté des hommes et des femmes qui les exercent. Elles poursuivent avec des activités résolument modernes et montrent les strates profondes de savoirs supposés objectif, ainsi que le bricolage conceptuel et humain qu’ils génèrent. Elles contribuent toutes à la réflexion générale sur les savoirs techniques, dévoilant à la fois des mécanismes sociaux et cognitifs développés dans l’exercice des métiers, une part de l’imaginaire de ces acteurs sociaux, souvent de bas statut, ainsi que des formes desociabitité…
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