Sumario: | « Je ne suis pas moderne », jetait Camus en manière de défi. C’est que le classicisme tragique de l’écrivain donna le vrai ton de notre modernité après Auschwitz. En alerte nouvelle, la méditation de Camus valait de s’inscrire depuis le nihilisme dont, sous le nom d’absurde, il fit le diagnostic et la généalogie sans concevoir de s’y soumettre, d’y sacrifier la joie d’exister ou d’en accommoder le désastre sous quelque promesse de rédemption. Albert Camus prit la mesure d’un âge dominé par un régime de la raison s’autorisant de justifier la terreur au titre d’un progrès inéluctable de l’Histoire. Son souci fut du temps, jamais exactement au rendez-vous des hommes. Haussant cette plainte du temps en interpellation, il y médita l’idée de notre communauté. Aujourd’hui, l’actualité de l’œuvre de Camus fait symptôme pour notre époque : les auteurs lisent ensemble essai et poème, interrogent les signes rompus et précurseurs d’une démocratie à venir. Ils saluent une œuvre radicale, qui arpente les figures du mal, demande que l’homme réenchante le visage de la terre, nous aide à requalifier notre présent.
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