Sumario: | Consacré à l’étude du groupe social formé par les milliers d’anciens esclaves qui peuplèrent les « mornes » (terres intérieures des hauteurs) à la Martinique, cet ouvrage propose de revoir, pour la période allant de 1840 à 1960, les interprétations fournies jusqu’à présent. Il s’agit de renverser la perspective sur cette population rurale et de ne plus la considérer comme restée sous la domination de la grande plantation héritée de la période esclavagiste et subissant son histoire, mais comme pleinement active dans la prise en charge de ses orientations collectives. L’auteur s’appuie sur des sources écrites (registres d’hypothèques et d’état civil) et orales (témoignages des habitants actuels des quartiers ruraux) qui font apparaître un processus d’accession aux terres paysannes de grande ampleur et établi de manière légale. La reconstitution sur le long terme de l’évolution foncière et démographique des hameaux paysans permet de mettre à jour les régularités sociales et le souci de préserver une existence en marge du dispositif répressif des planteurs. En présentant également une description de l’organisation sociale et économique paysanne, l’ouvrage parvient à dégager l’essentiel des rouages qui ont permis au groupe des anciens esclaves d’accéder à une forme d’autonomie sociale et de reconquérir la maîtrise de leur destin. Sur le plan plus théorique, l’auteur explore le lien entre espace et identité pour montrer en quoi il fut primordial à la Martinique et discute ses diverses représentations, y compris les plus récentes liées à une perspective post-moderne, produites sur le collectif des mornes.
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