Sumario: | En mettant l’accent sur les pratiques sociales engendrées par la consommation plutôt que sur les implications politiques et économiques de l’offre, Xavier Paulès renouvelle la lecture historique de la question de l’opium. Nombre d’idées reçues sont remises en cause. Dans le Canton du premier tiers du XXe siècle où d’efficaces campagnes de stigmatisation se sont soldées par un recul général de la pratique et par sa quasi-disparition au sein des élites, Xavier Paulès montre avec force que l’opium n’a été ni un fléau de santé publique, ni un facteur de désintégration du corps social. Si la drogue résiste, c’est en partie grâce aux agréments qu’offrent les fumeries : l’enquête minutieuse qu’il leur consacre atteste qu’elles sont le lieu privilégié d’une sociabilité masculine de quartier. Cette étude nous plonge dans les mutations d’une société urbaine dont l’ampleur et la rapidité ne peuvent se comparer qu’à celles qu’on observe en Chine aujourd’hui. Rivalités politiques, transformation de l’ordre fiscal et administratif, affirmation d’une économie des loisirs, hiérarchie sociale, place des femmes, influence des sociétés secrètes et du monde du crime, construction d’une identité nationale, il n’est guère de question qui ne reçoive un éclairage nouveau et original.
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