Sumario: | Après une longue période de purgatoire le moment semble venu d’une révision du goût à l’égard de l’oeuvre romanesque de George Meredith. Ce dernier aurait pu figurer dans la galerie des portraits dessinés par Lytton Strachey dans Victoriens éminents. Il représente de manière exemplaire les ambiguïtés et les contradictions du roman anglais à l’époque victorienne en raison des ambivalences de la culture et de la société anglaise, dès lors que l’essor industriel servi par l’impérialisme britannique entre en conflit avec les valeurs morales et la tradition conservatrice d’un pays qui refuse l’irrationnel des passions. Dans les grands romans de Meredith, L’Egoïste, Diane de-la-croisée-deschemins, La carrière de Beauchamp, Richard Feverel, Evan Harrington, les personnages féminins sont là pour rappeler la primauté de la nature et l’empire des passions sur un univers que les hommes pensent maintenir dans les bornes d’un bon goût et d’une bienséance anachroniques. La puissance corrosive de l’humour, figurée par la danse allégorique de « petits diables » sarcastiques, introduit dans l’oeuvre de Meredith un décalage singulier, très original, entre la réalité des faits et la fiction qui anticipe la fonction cathartique de la crise tragique. Cet essai a le mérite de présenter une vue d’ensemble des principaux romans d’un écrivain précurseur.
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