Sumario: | « Justice sociale » est pour tous aujourd’hui le nom d’un malaise et d’une tâche sans fin. Ce problème général, des praticiens l’ont relancé avec insistance durant deux années auprès d’amis engagés dans la recherche et l’enseignement en sciences humaines et morales. Les visées différentes ont fait apparaître d’abord que les solutions proposées et pratiquées au nom d’une doctrine politique ou économique restent de portée fort brève et engendrent ou accroissent souvent un climat de scepticisme, que ne compense pas le courage pourtant réel de l’action. De plus, en posant sérieusement la question de la justice sociale, chacune des disciplines ici concernées se voit obligée de reconnaître son enracinement dans deux évidences : la première, qu’il n’y a pas de limite supérieure à la dépense quand il s’agit d’assurer plus de dignité humaine; la seconde, qu’il faut que cette dépense soit efficace. Le savoir théorique tend par nature à séparer ces deux évidences en les rationalisant. Par contre, ceux que leur tâche quotidienne voue à promouvoir l’efficacité de la dépense perdent facilement de vue l’invitation dynamique que constitue l’infini de l’égale dignité pour tous. Puissent ces textes en leur incontestable naïveté amorcer un échange actif entre praticiens et théoriciens.
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