Sumario: | Le rapport des syndicats à l'immigration pose la question des frontières de la solidarité. Longtemps les organisations syndicales ont hésité entre solidarité internationale et protection de l'emploi national. Aujourd'hui, de nombreux syndicats, tant aux États-Unis qu'en Europe, ne réclament plus des mesures de restriction de l'immigration, mais cherchent à syndiquer les travailleurs immigrés. Situé au cœur de l'Europe, le Luxembourg se caractérise par un marché du travail fortement internationalisé : 27 % des emplois sont occupés par des immigrés et 44 % par des travailleurs frontaliers qui résident dans un pays voisin et travaillent au Luxembourg. Or, alors que les obstacles à la syndicalisation des immigrés sont fréquemment soulignés, le Luxembourg fournit l'exemple d'une relative réussite dans la représentation syndicale d'un marché du travail internationalisé. Cet ouvrage analyse la syndicalisation des travailleurs migrants au Luxembourg pour en tirer des conclusions quant aux possibilités de renouvellement du syndicalisme et éclairer les enjeux du rapport des syndicats aux travailleurs migrants. Combinant enquête de terrain, démarche historique et données statistiques, l'auteur met en évidence la pluralité des stratégies déployées par les syndicats pour syndiquer les travailleurs migrants, en fonction de la diversité des configurations migratoires. En soulignant les contradictions entre la rhétorique de la coopération transfrontalière et les logiques de concurrence entre territoires et salariés, cet ouvrage interroge aussi les acquis et les limites de l'européanisation de l'action syndicale.
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