Sumario: | Les ambiguïtés de la mystique ont été soulignées plus d'une fois. Expérience réservée à un petit nombre, ou voie accessible à tous ? Voie d'union à Dieu ou dissolution de l'humain dans le divin ? Identité ou différence entre la connaissance et l'amour ? Excès pathologiques des corps et des esprits, ou subversion des normes et des contraintes sociales ? Naïveté religieuse dans le siècle, ou nette lucidité sur ce qui se joue parmi les hommes et dans les sociétés ? Rappelons donc ces mots de Michel de Certeau : « Comme le sphinx de jadis, la mystique reste le rendez-vous d'une énigme. On la situe sans la classer ». Les études rassemblées dans le présent recueil envisagent ainsi quelques situations de la mystique, et tentent de dégager un rapport pertinent à entretenir avec elle aujourd'hui. Un coup d'œil sur la table des matières suffit pour percevoir la diversité des approches retenues, montrant qu'on ne procède pas par définitions a priori, ni par synthèse supposée assimilable par la théologie. Incontestablement, les mystiques, femmes et hommes, sont là. Dans l'histoire, jusqu'aujourd'hui, leur désir insiste, suscitant des langages et des pratiques indissociables d'une culture et d'une société, mais sans qu'on puisse jamais les réduire à un besoin religieux préalablement défini. Les figures mystiques évoquées dans ce recueil, de Dag Hammarskjöld à Michel de Certeau, de Marguerite Porete à Lalla Maghnia ou Thérèse de Lisieux, laissent chacune transparaître quelque chose qui, dans leur existence singulière, tient à la fois de l'excès et du manque, de la liberté et de la passion. La question que nous renvoient ces mystiques n'est autre que celle de l'amour, lieu imprenable, ni ici ni là, où paradoxalement l'excès et le manque, la liberté et la passion ont rendez-vous. On remarquera que ce sont les sciences dites humaines qui ne négligent pas la mystique, par-delà les conflits qui ont pu les opposer à la théologie dans son étude. En outre, on observera que…
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