Sumario: | Depuis la « Découverte » de l’Amérique, une multiplicité de références européennes, américaines et africaines sont mises diversement à contribution dans la construction et reconstruction des imaginaires de l’identité collective en Amérique latine. Cette perpétuelle reconstruction des symboliques de l’auto-identification prend, pour l’essentiel, la forme d’un incessant va-et-vient d’images du même et de l’autre, qui, d’un continent à l’autre, sont sans cesse reprises, refusées, adaptées ou resignifiées à partir de contextes sociaux, culturels et politiques très variés. Dans la production littéraire ou historiographique comme dans les discours politiques ou la création artistique, ces constructions identitaires configurent diversement les rapports entre la diversité et l’unité, depuis l’opposition post-coloniale entre la « barbarie » et la « civilisation » jusqu’à la configuration moderne de la nation qui, identifiant l’unité à l’homogénéité, tend à effacer la diversité ou à la dégrader. En faisant jouer les ressources de l’interdisciplinarité, les diverses études qui composent cet ouvrage interrogent les concepts d’« identité » et de « nation », décrivent la genèse des imaginaires de l’identité dans les anciennes colonies espagnoles d’Amérique, examinent la fonction de ces imaginaires dans le cadre des interactions sociales à partir du XIXe siècle, analysent leurs modes de circulation et de réception, identifient des filiations, déplacements, ruptures, continuités et discontinuités tant au niveau des formes que des contenus. Elles entendent ainsi contribuer à l’élaboration d’une compréhension renouvelée de l’architecture complexe de l’imaginaire de la nation en Amérique latine, et, plus généralement, des processus de construction de l’imaginaire national.
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