Sumario: | L’ordre urbain n’est pas une donnée en soi et un absolu, mais une construction permanente. Celle-ci fait appel aux forces de police, aux institutions, mais aussi à un ensemble de pratiques et de compromis incessants qui fondent un vivre ensemble, contesté et retissé au quotidien en croisant logiques spatiales, rapports sociaux et relations institutionnelles. C’est à cette construction quotidienne de la ville que se consacre ce livre, fruit de deux journées d’étude organisées à Paris et à Orléans. Il se propose de relire la ville comme un espace et une société mis en ordre et partagés, en amont de l’intervention policière ou plus largement du contrôle institutionnel. Pour ce faire, les chercheurs rassemblés ici interrogent trois thèmes. D’une part, le livre décrit la perception de la ville que peuvent porter différents acteurs même de l’ordre urbain que sont le seigneur médiéval, le commissaire de police et l’inspecteur de la Librairie au XVIIIe siècle, l’ingénieur du XIXe siècle. Ils tracent tous à leur manière un discours pratique sur l’ordre. D’autre part, la religion, dimension omniprésente de la ville de l’époque moderne, est interrogée dans son rapport à l’espace, à la société et aux institutions urbaines, dressant une image de la sécularisation de la ville moderne. Enfin, le livre croise partages sociaux urbains et débats idéologiques nationaux, afin de voir comment la ville se reconstitue en une nouvelle donne où la politique remplace progressivement la religion, face à la Révolution, aux mutations du XIXe siècle ou à la construction d’un ordre colonial. Une image différente de la ville ressort de tous ces éléments, faite d’une invention quotidienne du partage et qui mêle politique et religion, espace et société, normes et pratiques.
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