Sumario: | La rencontre entre les recherches sur l’écriture et sur le pouvoir n’a rien de fortuit. On peut considérer que la naissance de l’État, en tout cas de l’État complexe, est liée à la naissance et à l’usage de l’écriture. Cependant, ce n’est pas l’écriture “interne”, “utilitaire”, “administrative” qui est ici en question, mais l’écriture comme moyen de pouvoir. Si l’on suit Max Weber, la légitimité est l’élément clé de toute domination. Pour l’établir et la maintenir, l'État peut utiliser des moyens variés, parmi lesquels la communication écrite, ce qui peut étonner quand on sait que dans la plupart des sociétés du passé la majorité de la population était illettrée. C’est sur ce paradoxe que s’interrogent les quinze communications de ce recueil. Elles couvrent un horizon chronologique large, qui va de l’Égypte et la Mésopotamie anciennes à nos jours, mais toujours dans le cadre de sociétés qui n’ont pas encore connu le “désenchantement du monde” et la rationalité de l’État moderne. It is perfectly natural for interaction to take place between research on literacy and research on power, given that it is possible to argue that the birth of the State, or at least of complex States, is linked to the use of writing. But this volume is not concerned with writing used for utilitarian and administrative purposes, it is concerned with literacy as a kind of power. According to Max Weber, legitimacy is the key to all forms of control. In order to establish and maintain its power, the State uses various strategies, among them writing, a fact which may surprise, when one considers that in most ancient societies the majority of people were illiterate. The fifteen papers published in this volume deal with this paradox, across a wide chronological range, from ancient Egypt and Mesopotamia to modern times, but always in relation to societies untouched by the “disenchantment of the world” and the rationality of modem States.
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