Sumario: | La notion d'écriture-mouvement nous invite à saisir la singularité de l'œuvre de la Mexicaine Cristina Rivera Garza dans son processus d'engendrement. L'illusion que ses œuvres réfléchissent le geste de l'écriture sous-tend toutes les ramifications transgénériques (poésie, nouvelles, romans, récits, essais, critique littéraire, articles), interdisciplinaires (histoire, littérature, sociologie) et, à l'occasion, bilingues (espagnol, anglais), de son dispositif littéraire. L'écriture est chez elle ce fait perturbateur décrit par Luisa Valenzuela, qui déconstruit les repères et en établit d'autres, au point de devenir « l'autre par excellence ». Bien que son écriture soit « autre », intrépide et inclassable, elle trouve pleinement sa place au sein de la génération d'auteurs hispano-américains de ces quinze dernières années, que l'ouvrage Palabra de América, publié en 2004 par Seix Barral, a voulu révéler à l'issue de la Première Rencontre des écrivains latino-américains de Séville au mois de juin 2003. Cristina Rivera Garza était la seule femme à figurer aux côtés de Rodrigo Fresán, Gonzalo Garcés, Mario Mendoza, Jorge Volpi, Roberto Bolaño, Edmundo Paz Soldán et de quelques autres belles plumes visant à faire un état des lieux de la littérature hispano-américaine actuelle.Quoique difficile à situer, Cristina Rivera Garza n'est en rupture ni avec ses congénères, ni avec son temps, ni avec sa culture. Son œuvre, tout aussi poétique que politique et qui, à chaque livre, semble proposer une réécriture d'elle-même, est une œuvre du présent qui nous détourne du réel pour mieux nous en parler. Le mouvement de son écriture qui nous mène du corps au langage révèle la nature et la conscience de tout acte de création littéraire vu, avant tout, comme la transmutation irréductible du moindre événement en langage.
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