Sumario: | L’œuvre de Francis Ponge est en prise sur le réel. Un réel épais et rugueux. Celui d’un monde senti et touché qui résiste à l’effet de surface et à la fuite de sens. Semblable à un long et tortueux journal de laboratoire, elle se veut non seulement œuvre, mais œuvre sur l’œuvre, visant, avec acharnement et intégrité, la connaissance et l’expression du réel. À cette fin, Francis Ponge ne cesse d’inventer. Il découvre des sujets inédits pour la poésie : les choses, bien sûr, mais aussi l’impression d’un ciel bleu de Provence par un jour d’hiver, l’émotion sourde provoquée par un pré ensoleillé, la connaissance par le corps d’un printemps encore à venir. Il crée surtout un système pour connaître l’objet qui s’est toujours trouvé, par nécessité, interdit à la connaissance : le singulier. Il n’aura peut-être pas entièrement réussi, mais il aura clairement posé les conditions de possibilité d’une telle connaissance.
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