Sumario: | Auteur de romans aussi majeurs que Far from the Madding Crowd, The Mayor of Casterbridge, Tess of the d’Urbervilles ou Jude the Obscure, Thomas Hardy a vu son œuvre de fiction longtemps écartée du canon de la littérature anglaise alors même qu’elle rencontrait un réel succès auprès du public. L’œuvre de ce romancier de la fin de l’époque victorienne a posé et pose encore, il est vrai, à la critique bien des problèmes idéologiques et esthétiques. La surface humano-libérale et réaliste des textes de Hardy s’avère en effet troublée par une vision sombre et absurdiste de l’existence, et par des contradictions formelles. Cette étude n’a pas pour objet de chercher à atténuer le pessimisme de l’œuvre ou d’effacer ses incohérences, mais au contraire de les mettre en lumière, de souligner précisément le caractère central du thème de l’aliénation dans les « Romans de caractère et d’environnement » en mettant en perspective ses différentes manifestations et en attirant finalement l’attention sur les parallèles entre niveaux diégétique et narratif. L’auteur ébranle le mythe d’un sujet souverain et unitaire : les personnages de ses romans et nouvelles sont exilés, décentrés, menacés de fragmentation et de dissolution par des forces extérieures et intérieures. Quant à la représentation, elle aliène son propre discours en affichant ses divisions et ses apories. Hardy annonce une forme de modernité, la crise de la mimèsis.
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