Sumario: | Le monde des maisons de retraite est mal connu, sinon par ceux qui le côtoient quotidiennement, personnels des établissements, soignants ou proches des résidents qui viennent y finir leur vie. Les représentations sociales ont tendance à faire des personnes hébergées dans ces établissements soit des vieillards isolés et démunis, soit des individus placés, en raison de handicaps lourds, par les services sociaux ou par leur famille. La maison de retraite apparaît comme un lieu contraignant à l'extrême, qui limite fortement la liberté des résidents, voire leur autonomie, en raison des exigences de la vie collective, et qui de ce fait accélère le vieillissement. À partir d'une enquête auprès de personnes âgées résidant dans huit établissements d'hébergement collectif, cette recherche propose de porter un autre regard sur la vieillesse et le vieillissement en institution. S'attachant, à travers le point de vue des résidents eux-mêmes, à analyser ce que les personnes âgées font de l'institution, plutôt qu'à ce qu'elle leur fait, elle montre qu'il est possible, à certaines conditions sociales, de créer une vie équilibrée en maison de retraite. Certains résidents parviennent à y construire leur dernier « chez-soi », selon des modalités variées, même si d'autres peinent à retrouver un équilibre dans cette vie très collective. Outre les différentes formes de vie possibles dans ces institutions, elle décline également les différents processus de vieillissement qui y sont à l'œuvre. Au-delà de la maison de retraite, cette enquête propose donc une réflexion globale sur la vieillesse, le vieillissement, et la place que notre société ménage aux plus vieux d'entre nous.
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