Sumario: | Situées au cœur de la France royale, capitales du royaume de Charles VII au plus sombre de son histoire, les villes de Bourges, Poitiers et Tours constituent des exemples privilégiés pour comprendre comment à la fin de la guerre de Cent Ans se redéfinit la relation des sujets à leur souverain seigneur. C'est alors un modèle original de bon gouvernement du royaume qui apparaît et caractérise l'extrême fin du Moyen Âge et les premières décennies des Temps modernes, jusqu'à la veille des premiers conflits religieux. Loin de l'autoritarisme royal dont la vision a alimenté toute une historiographie, cette étude montre que les relations qu'entretiennent les corps de ville et le roi dépassent le cadre d'un simple « accord parfait » car se crée un espace politique clans lequel les pouvoirs municipaux et royaux se répondent, interagissent dans des négociations constantes et un dialogue ouvert. Au tournant des XVe et XVIe siècles, au-delà d'une entente cordiale, le chemin singulier de la politique municipale croise celui du pouvoir royal et, selon une convergence d'intérêts bien gérée, cette rencontre conduit à la construction respective et complémentaire des autorités royale et municipale. Il s'agit là d'un des aspects du lent processus qui concourt sans rupture apparente à la mise en place de l'État moderne et travaille à l'émergence d'une souveraineté acceptée, sinon partagée. C'est par l'étude de la vie municipale au quotidien que l'on pénètre ici au cœur des processus décisionnels. Basée sur de longues séries documentaires complémentaires (registres de délibérations, registres de comptes des deniers communs...) qui permettent une approche comparative, l'analyse considère ces sources dans leur globalité et pour ce qu'elles sont à savoir les témoins d'une activité politique. Les thèmes explorés sont alors d'autant plus variés que les champs de l'action municipale se multiplient. Ils montrent surtout que les rapports avec l'autorité souveraine dépassent souvent les…
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