Sumario: | L’administration est au cœur de l’État, c’est elle qui assoit son pouvoir et lui fournit en temps de paix les moyens de sa puissance, comparable à celle que l’armée lui assure en temps de guerre ou de tension. Elle est aussi un des éléments cardinaux des processus constitutifs de la domination impériale et coloniale instaurée par les puissances européennes. Pourtant, les travaux historiques sur les administrations coloniales restent plutôt rares. Ce livre s’attache à combler cette lacune. Réunissant des chercheurs en histoire, en science politique et en droit, cette esquisse d’une histoire comparée des administrations coloniales se veut une contribution à la réflexion sur le rapport entre la domination et les pratiques des administrations coloniales. Afin de mieux comprendre la logique, les contradictions et la complexité des conduites administratives, celles-ci ont été abordées à partir de quatre axes : la formation, les trajectoires et les itinéraires des acteurs de l’administration permettent de saisir la nature du lien entre l’État colonial, les colons et les indigènes ; l’évocation des rapports entre les autorités coloniales et les notables locaux analyse les interactions et les dynamiques à l’œuvre au sein de chaque groupe ; le poids des représentations, les pratiques et les usages administratifs permettent de repérer les analogies et les singularités des administrations coloniales européennes ; enfin, les pouvoirs de l’administration et la fonction du droit soulignent la place du droit, qui apparaît comme la source de la morale et des conduites administratives. La prise en compte de ces dimensions renouvelle ainsi la connaissance des stratégies mises en œuvre en situation coloniale, lesquelles ont oscillé entre domination et compromis.
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