Sumario: | Il est particulièrement difficile de réaliser une enquête qui voudrait combiner les méthodes ethnologique et statistique. Par définition, même si elles ne sont pas exclusives, l’une est qualitative et l’autre quantitative, l’une comme l’autre essaie de combler leur déficit scientifique et épistémologique, avec plus ou moins de succès. Nous ne prétendons pas ici avoir réussi un mariage harmonieux entre les deux méthodes, mais nous avons fait notre possible pour réaliser des projections chiffrées à partir de nos données de terrain et observations tout en les comparant avec les recherches qui ont été beaucoup plus statistiques. Cette étude veut en effet répondre à certaines questions précises : qui, combien, où et comment ? Nous avons établi des statistiques qui ne peuvent être totalement fiables, mais qui donneront une vision plus réaliste que celle existante. En ce qui concerne les études réalisées par des chercheurs, la réalité de l’immigration est certes abordée, mais non dans sa complexité, c’est-à-dire des formes sociales qui ont permis à cette immigration de devenir aussi importante, de l’incroyable complicité et solidarité des organismes officiels qui masquent les véritables chiffres et des conséquences socioculturelles ; nous sommes en présence d’une population nouvelle de plusieurs millions d’individus qui développent des stratégies d’adaptation que nous étudierons. Les chercheurs se consacrent plutôt aux aspects, non négligeables évidemment, sanitaires, éducatifs et d’identité. De manière générale, c’est la prostitution qui retient le plus souvent leur attention. Celle-ci est plus « porteuse » que l’arrivée et la « gestion » des centaines de milliers de travailleurs birmans embarqués chaque année sur des bateaux de pêche qui sont pourtant régulièrement jetés à la mer ou revendus. Toujours est-il que la capacité de résilience de cette communauté birmane est si forte qu’elle en devient presque un moteur économique de développement du sud de la Thaïlande.
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