Sumario: | Cet ouvrage s’intéresse aux pratiques psychosociales destinées aux migrants et le concept d’altérité fournit le point de vue permettant leur compréhension. L’altérité indique qu’autrui est absolument autre et qu’il déborde toute idée que l’on peut avoir de lui. Cette altérité n’est nullement l’attrait de l’inconnu, mais la reconnaissance du « divers »devenant de plus en plus rare sur notre planète engagée sur le chemin de l’uniformisation. Dans le dialogue, l’altérité d’autrui, son étrangeté irréductible s’imposent et dépassent la volonté de maîtrise de celui qui l’accueille. Mais elle s’accompagne de la reconnaissance d’une sorte d’air de famille nous unissant aux autres et qui est faite de l’appartenance à la même forme de la vie humaine. La reconnaissance de cette similitude peut nier l’altérité, mais elle peut aussi inciter un mouvement vers lui, une sorte de compassion sans laquelle les pratiques d’accueil et de soins n’existeraient peut-être même pas. Afin de comprendre l’intervention psychosociale sous l’angle de l’altérité, nous nous sommes intéressés aux significations qui sont données à ce qui arrive aux migrants, à leurs souffrances, à leurs malheurs et aussi à leurs joies, à leurs rêves et à leurs aspirations. Ces significations construites dans une institution par les acteurs en présence et l’intelligibilité qu’elles revêtent, tant dans la culture suisse d’accueil que dans la culture d’origine des migrants, est la question première que pose l’altérité. En effet, une signification donnée à un événement et dotée de sens dans la culture d’un intervenant est peut-être inintelligible dans la culture d’un migrant. Cependant, les discours ne sont pas seuls à revêtir des significations. Les institutions et les pratiques elles-mêmes en sont porteuses. Les institutions et les pratiques de soins propres à notre culture occidentale sont intelligibles dans cette culture, mais on peut se demander ce qu’elles peuvent bien signifier pour des personnes étrangères…
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