Sumario: | Christianisée à partir du XIXe siècle, l’Océanie est aujourd’hui le théâtre de phénomènes religieux d’une extrême diversité, ce qui soulève deux séries d’interrogations. La première porte sur les raisons, les formes et les effets de cette transformation majeure que fut la conversion au christianisme des populations locales. La seconde concerne la nature du changement culturel impliqué dans la conversion : s’agit-il d’un mélange, plus ou moins homogène, plus ou moins stable, de deux systèmes religieux ou, au contraire, d’une rupture brutale et profonde avec la société précédente ? Ou encore d’un autre type de recomposition entre deux systèmes d’interprétation du monde, dont il convient de comprendre et d’analyser les modalités ? S’y ajoute le problème du cadre d’analyse dans lequel étudier la conversion et donc le rapport que ces populations entretiennent avec leur passé. Celui-ci doit-il être placé dans la continuité supposée d’une société ou, au contraire, n’est-il pas plus pertinent de questionner une telle perspective, trop souvent considérée comme allant de soi ? Cependant, si l’on postule d’emblée la discontinuité du rapport au passé et si l’on fait l’économie du discours autochtone sur la permanence culturelle, ne risque-t-on pas de passer à côté de ce que pensent, disent et font les populations lorsqu’elles transforment en continuités les discontinuités de leur propre histoire ? Enfin, étant donné l’extrême diversité des formes d’imposition et d’appropriation du christianisme et des modes de mutation religieuse autochtone, quel(s) modèle(s) d’analyse peut-on mettre en œuvre pour comprendre l’ensemble des transformations induites par ces phénomènes ? C’est à ces problématiques que se confrontent les auteurs des textes réunis ici. Anthropologues ou historiens, ils ont tous, et parfois depuis plusieurs décennies, accompli des recherches de terrain au sein des sociétés océaniennes, aujourd’hui en pleine mutation. Christianized from the nineteenth century…
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