Sumario: | Pénalité, management et innovation forment ensemble l’objet et la perspective de ce livre. Sa matière est la pénalité, son problème le management et son espoir l’innovation. L’exercice du droit de punir mobilise un enchevêtrement de discours, d’organisations, d’activités et d’outils. Cet ensemble hétéroclite, que l’on nommera pénalité, subit des transformations dont la représentation et l’évaluation sont complexes. L’analyse de ces transformations trouve souvent son origine dans un déficit de légitimité et de sérieux problèmes de gestion. La pénalité a vu évoluer ses légitimations sociales de la rétribution la plus archaïque à la très moderne réparation, en passant par la resocialisation. Souvent contestées politiquement, parfois disqualifiées scientifiquement, ces légitimations semblent aujourd’hui s’évanouir au profit d’une orientation managériale qui traduit une préoccupation pour le fonctionnement interne du système pénal. Ce livre est consacré à cette singulière substitution : la légitimité politique de l’exercice du droit de punir est escamotée par ses objectifs gestionnaires de productivité, d’efficience et de service à la clientèle. Il examine les mécanismes idéologiques de cette substitution. Il observe quelques-unes de ses réalisations (parmi lesquelles la surveillance électronique des condamnés). Il dessine encore la silhouette des justiciables que la pénalité contemporaine présuppose. Il s’intéresse enfin aux possibilités d’émergence d’heureuses surprises dans les marges du programme managérial. Sous le nom d’innovation, l’analyse fait place à l’observation d’usages inattendus, d’options politiques ou de dispositifs juridiques contribuant à la réduction de l’empire de la pénalité.
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