Sumario: | Le littoral du golfe du Lion connu pour ses aménagements touristiques contemporains a fait l'objet de relativement peu de travaux encore. Jusqu'au milieu du XIXe siècle il fut quasi désert malgré une série de fondations comme Aigues-Mortes, Sète, Port-Vendres. Cet ouvrage innove pour la période étudiée (XVIe-XVIIIe siècle) car il s'intéresse aux relations entre la population et un littoral incommode. Lieu et source de vie, il est alors une frontière face aux multiples dangers de la mer : risques naturels car le golfe est un des secteurs les plus dangereux de la Méditerranée ; menaces des hommes, permanentes, dues aux ennemis déclarés ou aux courses barbaresques ; périls épidémiques, les plus redoutés peut-être. Ce littoral donne à voir des populations enracinées de longue date, des pratiques traditionnelles comme la pêche dans les étangs littoraux. Elles ne sont jamais fermées sur elles-mêmes ni figées. L'ouverture et le changement viennent principalement de la mer, sous la forme d'irruptions parfois totalement improbables, comme la présence d'Orientaux, de contacts répétés avec les marins de toute la Méditerranée occidentale, catalans, provençaux ou génois. Simultanément frontière et zone de contact de population, de techniques, de sensibilités différentes, le littoral du golfe est en voie de profonde transformation aux XVIIe et XVIIIe siècles : les trafics se densifient, de nouvelles techniques de pêche jettent l'émoi sur toute la côte, des villes sont fondées (Sète, Port-Vendres), le contrôle du territoire par l'État progresse pour faire face aux épidémies avec le concours des populations locales.
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