Sumario: | Si l'on néglige, un instant, les arguties conceptuelles et les débats méthodologiques, il est clair que toute la théorie littéraire est une longue réflexion - ou rêverie - sur le pouvoir de la littérature, sur ce pouvoir mystérieux des mots dont l'écrivain, par vocation artistique, aurait découvert le moyen de décupler l'efficacité. De cette vertu intemporelle du langage, le discours critique sur le Romantisme - disons sur le xixe siècle - a en outre inventé la version historienne, qui est à l'origine de l'extraordinaire renouveau des recherches littéraires sur le xixe siècle français, depuis près d'un demi-siècle. L'homme d'après 1789 aurait découvert l'Histoire : que l'Histoire a un pouvoir sur le réel et un sens, et qu'il lui revient de se saisir du premier pour influer sur le second. Là encore, l'auteur, parce qu'il est, plus que tout autre, libre et responsable de ses mots, aurait la mission de penser le modèle de cette historicité-là, ou, du moins, d'en élaborer l'image textuelle ; si bien que, désormais, toute poétique est, ipso facto, une politique.Tout cela est bien connu. Mais, justement, il ne sera pas question, dans cette troisième livraison de Lieux littéraires, de ces deux images, triomphales et aveuglantes, de la Littérature et de l'Histoire, mais, au contraire, de ce qu'elles ont laissé dans l'ombre - ou à contre-jour.
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