Sumario: | Le propos de ce livre est de montrer ce que la vie culturelle d'une grande ville de province doit à la IIIe République. Cette période voit en effet s'affirmer conjointement les premières formes de politiques culturelles publiques, l'essor du secteur associatif et la mise en place d'un marché des loisirs. Le paysage culturel qui s'esquisse ici relève d'une prodigieuse complexité. Le politique entremêle l'État, le département, les grandes villes mais aussi les communes de banlieue. L'associatif, structuré bien avant la loi de 1901, relaye et hiérarchise la demande sociale. Les industries culturelles enfin établissent leur légitimité au sein des anciens mondes de l'art. Au-delà de l'analyse approfondie de ces structures culturelles, l'ouvrage entend aussi s'interroger sur les débats qui agitent la sphère locale entre 1870 et 1940. Trois sont ici étudiés, qui donnent la mesure de la distance qui sépare cette époque de la nôtre. Le premier, classique pour l'époque, oppose l'Église et l'État, de part et d'autre de la loi de Séparation de 1905. Second débat, tout aussi classique, celui qui oppose culture populaire et culture savante. Ville académique, Rouen s'évertue à préserver son rang artistique et les processus de distinction qui permettent à la bourgeoisie d'exercer une véritable hégémonie culturelle sur la cité. Reste que l'impératif de démocratisation de la culture court d'un bout à l'autre de la période, des universités populaires de 1900 aux espoirs, localement déçus, de 1936. L'histoire de la banlieue éclaire ici l'histoire locale révélant des clivages toujours vivants entre les communes.
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