Sumario: | La notion de stéréotype a encore peu pénétré le domaine des recherches historiques en France, bien qu'elle ait été introduite dans les sciences sociales en 1922 par Walter Lippmann. Étonnante situation quand on pense à l'usage des stéréotypes dans l'histoire humaine, par exemple aux représentations stéréotypées des Autres en général- en commençant par l'histoire ancienne et la représentation des barbares par les Grecs et les Romains -, aux nombreuses constructions intellectuelles, sociales et identitaires réalisées, faites de traits et d'images gravées dans les consciences et répétées sous un grand nombre de formes orales, écrites et imagées. Une approche de ces constructions actives au sein des sociétés et initiatrices de comportements est l'objet de ce livre. Le stéréotype agit comme un outil de régulation dans une société, ayant ce qu'il faut de connu et de stable pour ne pas émouvoir et inquiéter, et de souple pour accueillir la nouveauté et d'adapter. Les stéréotypes interviennent comme des schémas de compréhension pour appréhender le monde, lire les événements, les reconstruire et les rendre intelligibles. Des schémas capables aussi d'évoluer pour répondre aux nécessités nouvelles de comprendre. L'inhabituel, l'extraordinaire suscitent un effort d'adaptation des réseaux d'intelligibilité, le vide étant ici insupportable.
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