Sumario: | La Contre-Révolution possède une existence historiographique paradoxale. Si elle est citée comme une menace constante et une force dangereuse, elle n'est présentée que sous une forme fragmentée, assemblant pêle-mêle les nobles de l'émigration, les penseurs militants, avec les ruraux de l'Ouest ou du Midi, les Viva Maria italiens et les paysans belges, à qui sont adjoints les pays européens entrés en guerre - l'Angleterre de Pitt en tête. Omniprésente dans l'ombre mais souvent absente du discours historique, la Contre-Révolution reste mal connue. Depuis une vingtaine d'années, l'histoire scientifique reprend cette question à nouveaux frais. C'est l'objet de ces pages que de proposer, modestement, à la fois un premier bilan des travaux récents et des pistes de recherches. Sans postuler l'existence d'une quelconque unité de la Contre-Révolution, cette rencontre entre des historiens européens brosse le tableau de cette réalité politique et sociale complexe, et montre la Contre-Révolution à la fois puissante et faible, essentielle et marginale. Elle met en valeur l'hétérogénéité des chronologies qui existent dans les différents pays, ceci expliquant la diversité des formes d'intervention de la Contre- Révolution. Enfin elle insiste sur l'importance fantasmatique de la Contre-Révolution européenne. La reconnaissance de la place de la Contre- Révolution dans les jeux politiques en France et en Europe permet de comprendre les affrontements qui lui furent liés comme autant d'épisodes des guerres civiles à l'intérieur de chacun des pays européens, ainsi que des moments de la lutte ±internationale» ou ±idéologique» qui a traversé toute l'Europe dans les XIXe et XXe siècles.
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