Sumario: | La photographie comme la notion de patrimoine sont des filles du XIXe siècle. Le procédé technique permettant de fixer une image obtenue par un procédé optique est inventé alors que se développe dans toute l’Europe une nouvelle conscience patrimoniale et que s’institutionnalisent des politiques de préservation de l’héritage du passé. Lors de la révélation du procédé photographique en 1839, le député François Arago, dans son discours à la Chambre des députés du 3 juillet, insistait sur les facultés documentaires du procédé qui intéressent l’archéologie et l’inventaire des richesses artistiques. L’image photographique devint ainsi dès l’origine un outil privilégié de représentation du patrimoine, qu’il soit architectural, sculptural, ou plus tard pictural. Entre les premières expériences romaines des photographes du Cafe Greco, ou la Mission héliographique de 1851, commandée par la Commission des Monuments Historiques, et les enquêtes photographiques de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel initié par André Malraux, d’innombrables campagnes de prise de vues ont ainsi contribué à reconnaître, identifier et répertorier les monuments historiques et les collections des musées. Mais la photographie n’a pas uniquement un intérêt documentaire, elle est aussi par elle-même une forme d’expression artistique. Des travaux d’Atget sur le vieux Paris aux typologies des Becher sur les structures industrielles, la photographie du patrimoine s’est affirmée depuis longtemps comme un domaine spécifique de la scène photographique. Ces dernières décennies, à mesure que la photographie comme art a gagné une reconnaissance institutionnelle, les collections photographiques anciennes ou plus récentes ont acquis une dimension patrimoniale. Cette mise en abîme de l’objet patrimonial dans l’œuvre photographique se retrouve au cœur du travail de photographes contemporains, comme par exemple Thomas Struth dans les Museums Photographs. Ce double statut de document et d’œuvre, ce double intérêt historique et pour l’histoire, incite à écrire une histoire croisée du medium et de ce qu’il représente. Cette journée d’étude organisée par l’École Pratique des Hautes Études (équipe Histara) et par l’Institut national d’histoire de l’art, se propose de croiser les différentes questions soulevées par la photographie du patrimoine, dans sa pratique et dans ses usages, à travers l’histoire de la photographie. Le programme est conçu autour de deux questions, « La mise en scène du patrimoine, la photographie comme outil de l’inventaire » et « La mise en abîme du patrimoine, la photographie comme objet de l’inventaire ». Les interventions se répartissent en deux sessions consacrées respectivement aux représentations du paysage monumental et de l’architecture et aux représentations de la sculpture.
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