Sumario: | La victime détroussée par un voleur ou les témoins qui assistaient au délit se mettaient à hurler « haro ». Le crieur public, installé aux carrefours ou en tout autre lieu « accoustumé à faire cry », introduisait à haute voix son information par « Oyé, bonnes gens, on vous fait savoir ... » Les sujets du royaume de France qui assistaient à une entrée royale ou à la conclusion de la paix s'écriaient « Noël ». On pourrait sans peine allonger la liste de ces cris médiévaux régulateurs des liens sociaux. Le Moyen Âge était très bruyant et les cris, spontanés ou ritualisés, fréquents. Nous l'avions peut-être oublié. Résultat d'un véritable travail de groupe, les études rassemblées dans ce volume visent à montrer que le cri, forme particulière de la parole, représente, dans une société largement dominée par l'oralité, un « acte de langage », une expression spécifique des sentiments et des émotions, un outil fréquent de l'interaction et un enjeu crucial dans les systèmes de communication. Ce que nous entendons aujourd'hui comme un cri est-il perçu comme tel au Moyen Âge ? Quels sont les mots qui signalent le cri ? Quels sont les lieux, les temps, les groupes où cette parole bruyante et créatrice est souhaitée, autorisée, tolérée ou interdite ? Les auteurs insistent ainsi sur la forte présence du cri lors des rites de passage, politiques, guerriers, sociaux et familiaux. Ils étudient également les crieurs, saisis dans leurs pratiques : les cris des marchands ambulants qui résonnent et se répondent dans les rues ou ceux du crieur public, au rôle politique central. Pour le roi, le seigneur ou la ville, posséder le cri est en effet la manifestation de son pouvoir et de sa capacité à maîtriser l'espace. En contrepoint de ces études sur l'époque médiévale, la parole a été donnée à une historienne de l'Antiquité et un historien du temps présent pour ouvrir ce travail novateur à d'autres périodes de l'histoire, afin de montrer que le cri relève aussi d'une construction culturelle variant dans l'espace et dans le temps.
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