Sumario: | Le livre de Maryvonne Prévot est fondé sur la découverte d'archives inédites, celles de Maurice Ducreux le protagoniste principal de cet essai, prêtre incardiné à la Mission de France de 1950 à sa mort en 1985, devenu successivement l'un des fondateurs chargé d'études au sein du plus influent bureau d'études privé en urbanisme et aménagement, fort apprécié des instances publiques, en France et dans le monde (le Bureau d'études et de réalisations urbaines/BERU) puis chercheur contractuel au sein de l'Unité de recherche appliquée de l'École spéciale d'architecture (UDRA/ESA) à Paris. L'ouvrage se place à l'intersection d'histoires jusqu'ici pas ou peu mêlées, celle des recompositions religieuses et militantes au sens associatif et partisan d'une part, et celle de la « fabrique » de la Ville et des territoires du second XXe siècle, au sens des structures, des outils, des procédures, des techniques et des doctrines, de l'autre. Il pose l'hypothèse que des dispositions spécifiques à l'engagement ou à une éthique professionnelle, de même que certaines représentations d'une société à construire se dégageaient de la socialisation dans certains mouvements d'action catholique spécialisés. À travers Maurice Ducreux, il s'agit de voir comment elles ont pris corps dans l'engagement militant et professionnel sur et dans la Ville. Si cette approche ambitionne de mettre en lumière la manière dont ce militantisme d'origine chrétienne engagé dans la fabrique de la ville s'inscrit dans les recompositions du catholicisme lui-même, ce faisant, elle se situe aussi et au moins autant dans la perspective d'une archéologie des pratiques professionnelles en aménagement et en urbanisme.
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