Sumario: | Tout au long du xixe siècle, les femmes consacrèrent d'innombrables ouvrages de fiction à un jeune lectorat féminin. Assumant de la sorte les responsabilités éducatives qui leur étaient conférées, elles firent des écrits pour l'enfance et la jeunesse le domaine privilégié de l'activité littéraire féminine. Devoirs d'écriture est la première étude critique d'ensemble consacrée à ce pan d'une histoire littéraire méconnue qui mérite d'être abordée non seulement pour les liens qu'elle entretient avec l'histoire de l'éducation ou celle du livre et de la lecture, mais surtout pour ce qu'elle révèle d'une histoire des femmes qu'elle contribue à transformer. L'ouvrage rend compte des modes d'écriture les plus représentatifs de ce vaste corpus et, ce faisant, propose une réflexion sur les phénomènes de sexuation à l'œuvre dans une production littéraire à la fois normative et déstabilisatrice. Robinsonnades et des récits de voyages imaginaires révèlent la difficulté à maintenir les héroïnes dans les confins d'univers domestiques. Les récits à la première personne signalent la difficulté qu'il y a à faire parler la petite fille, et plus encore la jeune fille, sans invoquer des processus d'individuation qui vont à l'encontre des modèles prescrits du comportement des femmes et des filles. Par ailleurs, les contes ou petits romans témoignent de l'existence d'échappées ludiques et de projets esthétiques novateurs. Les romans, quant à eux, soumis à des fins édificatrices censées conjurer les dangers de la lecture, présentent aux lectrices des parcours de vie aux scénarios limités. Et pourtant, comme le montre l'analyse des romans de Zénaïde Fleuriot qui clôt cette étude, les méandres de la fiction au long cours mettent en lumière les paradoxes et les aspirations qui constituent les univers des femmes au xixe siècle. Si ces ouvrages de fiction offrent des modèles d'écriture prescriptifs, ils cultivent aussi le détachement critique dans des jeux de représentations dont Devoirs…
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