Sumario: | L’image de Japonais imitateurs possède une longue histoire : en Europe, elle émerge au xviiie et a connu jusqu’à récemment différentes phases caractéristiques. Bien que liée à la modernisation, cette histoire n’éclaire pas uniquement la rencontre du Japon avec la culture européenne, elle est aussi le miroir des conceptions de l’art en Occident où des contremodèles étaient nécessaires afin de soutenir l’idée que la création est la valeur suprême. La première partie de ce livre a pour objectif de montrer, à travers les discours sur le Japon, comment et pourquoi à l’époque moderne la question esthétique de l’imitation est au cœur des rapports de domination symbolique entre les cultures et, plus largement, entre les hommes. Les Japonais n’ont pas été passifs face à cette situation. Ils ont assimilé et réemployé ce discours, vis-à-vis de la Chine notamment, et essayé d’y réagir, que ce soit par le déni, la réactivation de savoir-faire locaux ou l’invocation d’un esprit national. Toutefois, bien qu’ils aient rejeté la plupart des dispositifs uniquement mimétiques, ils n’ont pas accepté une attitude purement subjective vis-à-vis de la création, ce qui se manifeste par un goût pour tout ce qui, de la matière, ne peut être sublimé, comme la terre ou les os. L’analyse d’œuvres majeures du Japon moderne et contemporain comme Vivre de Kurosawa Akira et Le Voyage de Chihiro de Miyazaki Hayao a pour but de montrer, comment de grands artistes japonais du xxe siècle ont fait travailler ensemble les notions de création et d’imitation, et comment ces approches alternatives, qui s’opposent à une vision héroïque et désocialisante de l’auteur, permettent d’assumer, autant que possible, la mort dans la vie. Japanese as imitators is a long-standing stereotype. In Europe it appears in the 18th century and follows different typical steps up to nowadays. The history of this narrative, which is related to modernization process, does not only shed a new light on Japan’s encounter with…
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